André Wogenscky
André Wogensky intègre l’atelier Le Corbusier en 1936 comme dessinateur. Il y restera vingt ans et deviendra l’adjoint de Le Corbusier, prenant la place de Pierre Jeanneret quand celui-ci quitte l’atelier en 1940.
Il assure alors toute la gestion matérielle des projets et organise le travail de l’atelier. Membre de l’ASCORAL (Assemblée de constructeurs pour une rénovation architecturale) il prend part aux différentes recherches qui occupent l’atelier pendant la guerre et qui donneront lieu au Modulor. En 1945, il est cofondateur avec Le Corbusier et l’ingénieur Vladimir Bodiansky de l’ATBAT, l’Atelier des Bâtisseurs, chargé de coordonner les recherches techniques dans le domaine du bâtiment et qui assurera la maîtrise d’œuvre de la Cité radieuse de Marseille.
En charge de la recherche architecturale, il doit également prendre la direction des travaux et mener à bien la difficile construction de la première Unité d’Habitation. Fort de cette expérience, il se verra confier par Le Corbusier la responsabilité des chantiers de trois des quatre Unités d’Habitation qui suivront celle de Marseille (Rezé, Berlin, Briey) et terminera l’unité de Firminy après la mort de Le Corbusier.
Dès 1949 et tout au long des études et du chantier de la Maison Radieuse, Wogenscky sera l’interlocuteur principal de la Maison Familiale pour la mise au point du programme des travaux, les décisions techniques et économiques, la consultation des entreprises, etc. Le Corbusier, occupé par la construction de Chandigarh lui déléguera la totalité de la réalisation de la Maison Radieuse.
Pour le maître d’ouvrage mais aussi pour les premiers habitants qui emménagent avant même la fin des travaux, André Wogenscky aura été celui grâce à qui la Maison Radieuse se fera et il garde une place particulière dans l’histoire de sa réalisation.
Cependant le rôle pris par Wogensky à l’atelier Le Corbusier l’a éloigné de la conception et du dessin des projets. A l’âge de quarante ans, il crée sa propre agence en 1956 et quitte l’atelier le Corbusier l’année suivante. Il commence par construire des maisons individuelles dont la villa Chupin à Saint-Brévin-les-Pins, près de Nantes, un lotissement ouvrier à Saint-Macaire (49) pour le même commanditaire et termine l’Unité d’Habitation et le stade de Firminy, ensemble urbain auquel il ajoute, à la demande d’Eugène Claudius-Petit, le maire de la commune, une piscine prévue par Le Corbusier mais qui sera un projet entièrement personnel.
La suite de sa carrière l’amène à construire de nombreux bâtiments administratifs en France mais aussi à l’étranger avec notamment, la préfecture et le palais de justice des Hauts-de-Seine à Nanterre, la maison de la culture de Grenoble, la faculté de médecine de l’hôpital Saint-Antoine à Paris, le centre hospitalier de Corbeil-Essonnes, le ministère de la défense et l’université du Liban à Beyrouth et l’université des arts de Takarazuk - Osaka au Japon.
Il ne délaisse cependant pas la question du logement qui a occupé les dix dernières années de sa collaboration avec Le Corbusier et réalise un ensemble de logements économiques de 600 logements à Thionville de 1961 à 1965.
La fin de sa carrière résonne comme un hommage à Le Corbusier. Il préside la Fondation Le Corbusier, aménage son agence dans l’appartement de Le Corbusier, au 24, rue Nungesser et Coli et publie « Les Mains de le Corbusier » marquant ainsi sa fidélité à l’homme et à ses idées.
Je découvrais Le Corbusier. Il était révélé par ses mains. Il semblait que ses mains le trahissaient. Elles disaient tous les sentiments, toutes les vibrations de sa vie intérieure que son visage tentait, de cacher.
Deux grandes mains fortes, très grandes, gravées comme au burin de sillons très profonds. Des phalanges musclées. Des mains vibrantes, animées. Des mains enveloppantes.
Des mains qui avaient, qui allaient dessiner toute son œuvre.